▌▌ Mille et une pensée.

“Thoughts are the shadows of our feelings
always darker, emptier and simpler.”

Le bonheur… lointain souvenir, tellement lointain, qu'avec le temps son sens s'est altéré, qu'était réellement le bonheur ? Un soleil qui brille, une paix éternelle, des fleurs qui naissent à l’aurore… ? Être entouré de personnes qu’on aime et qui nous aiment en retour. Le bonheur se dissimule derrière un sourire rayonnant, derrière de petits yeux pétillants, dans les paroles précipités d’un enfant sémillant,…. Et cetera, et cetera… Le bonheur n’a pas de degré déterminé, infini ? Il s’infiltre dans chaque parcelle de votre corps, coule dans vos veines, et quand il est trop important, il vous donne l’illusion que vous seriez capable de soulever des montagnes. Que vous êtes invincible .Vous pensez à ce moment que rien ne pourrait le voiler, rien ne pourrait vous l'arracher des mains. On peut difficilement croire qu’il pourrait s'arrêter un jour, un instant…On y crois tellement que l'on ne songe pas un seul moment qu'il pourrait s'arrêter.. Et pourtant il est tellement éphémère que l'on peut l'assimiler à un cliché. Oui, pour la simple raison qu'il est instantané. Alors vous sautillez partout, vous riez... vous Vivez! Et il suffit d’un infime détail pour que le bonheur s’évapore dans les brumes d’un imminent désespoir. Et le soleil se couche, et les guerres se prolongent, les fleurs fanent...Les personnes que vous aimez le plus au monde disparaissent,.. sous vos yeux. Ils partent et ne se retournent pas, ne reviendront pas, ne reviendront jamais. Oui, car même si le bonheur n’est plus là, on continue de vivre. Ou plutôt à survivre. Ce qu’était typiquement le cas de notre agente au masque froid. Faisant de son mieux, essayant d'apaiser cette souffrance, cette douleur qui la ronge chaque jour un peu plus. Et bientôt, elle sortirait de son brouillard pour de bon, dans un monde sans malheurs, sans tristesse, elle serait libre, de ne plus avoir à souffrir à cause de cette douleur lancinante qui lui compressait à chaque fois cœur et poumons. Oui, bientôt, elle recommencerait à être elle-même. Peu importe si elle risquait gros en espérant trop. Peu importe…. Qu’avait-elle d’autre à perdre ? La vie ? Ne l'avait-elle pas déjà perdue? Était-il possible de souffrir plus qu’elle ne l’avait souffert ? Douleurs engourdie dans une léthargie qu’elle se refusait à quitter pour l’instant. Peu importe. Elle obtiendrait cette vengeance. Oui, elle détruirait ORB et ses dirigeants de ses propres mains, ORB ou Alliance vu qu'elle se faisait appeler désormais ainsi. Quelle importance? Le plus important est d'éliminer ces criminels de la surface de la terre, rien de plus. Et puis. Quelle stupide idée était de fusionner l'Alliance terrienne à une organisation terroriste qui ne cesse de prêcher la neutralité?! Incapables qui ne méritaient même pas la vie! voilà ce qu'ils étaient.
Regardant le plafond de sa cabine sans réellement le regarder. Plongée dans ses pensées, sa haine..Elle était loin d’être surhumaine. Personne ne l’était d’ailleurs. Tout le monde avait ses faiblesses, Motoko également, même si elle sait les dissimuler à la perfection derrière son masque d’indifférence. Dans cette petite cabine sombre, où régnait un calme apaisant et les faibles lueurs éclairant les sa cabine étaient celles des étoiles. Lueurs grisâtres qui se reflétaient dans les grands yeux rouges de la jeune femme, telles de petites étoiles éternelles dans un océan obscur de sang. Plongée au plus profond de ses souvenirs, le reste était sans importance. Pour le moment, le monde dans lequel elle s’efforçait de vivre était totalement dépourvu de sensations. Dépourvu de sens, n’ayant ni haut, ni bas. Un vide. Un néant…. Toujours et encore ce néant persistant. « Le jour fait semblant de se lever. Mais c’est la nuit pour toujours. ». Qui sait… Un jour peut-être l’obscurité de la nuit se dissiperait doucement, cédant alors sa place aux premiers rayons rougeoyant du soleil levant. Elle pourrait regarder ce-dernier s’élever lentement dans l’océan azure qu’était le ciel jusqu’à ce qu’il atteigne son zénith. Et là, elle observerait sa descente sereine qui mettrait peu à peu un terme à une journée de plus dans la vie de tous les chers êtres vivants de cet univers. Une descente précédant une nouvelle nuit noire peut-être pas interminable cette fois. Oui… Peut-être que le lendemain, le soleil se lèverait à nouveau, brillant, scintillant majestueusement de mille diamants parmi les nuages de cotons.
Un soupir s'échappa d'entre les lèvres de la jeune femme encore allongée et incapable de faire le moindre mouvement pour le moment, écrasée par le poids de la culpabilité, écrasée par le poids de la nostalgie, le cœur empli de haine. Une haine froide et silencieuse. une poupée de glace inaccessible, certainement pas encline à fréquenter son prochain, encore moins à l'aider. Parce qu'après tout, qui avait protégé sa famille ? Hein? Se reposant cette question pour la énième fois. Se repassant cette horrifiante scène encore et encore, tel un disque, un film qu'on regarderait sans cesse, et ce depuis des années et des années. Un film que l'on connait par cœur les dialogues, les images..et qui nous émoi à chaque fois. Oui, voir le corps de ses parents déchiquetés devant soi, du sang, partout, du sang..du sang!
La jeune Requiem se mit assise sur son lit, regardant droit devant elle, et essayant de reprendre un rythme de respiration normal. Les battements de son cœur diminuèrent en vitesse peu à peu, doucement, tandis que son souffle se fit également plus serein. Elle en écouta la musique pendant quelques minutes, tentant en vain de chasser ces terribles images qui entachaient les brumes de ses pensées. Elle passa une main dans sa chevelure en bataille afin de la démêler quelque peu. Grimaçant légèrement lorsque ses doigts s'empêtraient dans un nœud, elle se coiffa ainsi machinalement, tout en fixant son ordinateur éteint. Seulement pour ne pas paraître débraillée quand elle sortirait de ce cabine...