«Me recruter pour ? »

Car si Nunnally avait bien compris l'histoire cet homme était supposé être son ennemi. Chose cruelle de voir que cette gueule d'amour pouvait être tuée sur ses ordres uniquement parce qu'elle le désirait. Un sourire espiègle se dessina sur le doux visage de la jeune femme; sourire qui pouvait déconcerter toute personne connaissant la jeune princesse. Enfin. La connaissait. Elle n'était plus la même à présent et comptait bien que cela reste ainsi. Si sa perte de mémoire était due à un évènement bouleversant, et elle en avait du choix, alors elle était mieux sans. Elle allait reprendre sa vie en main et ça allait faire quelques étincelles. N'était-elle pas une Li Britannia après tout ?

«De toute manière j'accepte. Vous pourrez me demander ce que vous voulez. La mise à mort de tous ces clampins. Ou bien un discours bouleversant. ...Cependant. À une seule et unique condition.»

- Pour euh...
- De toute manière j'accepte.

Bon bah, ça, c'est fait xD Mais Asran préféra se méfier du sourire qu'afficher Nunnally. Il avait un coté un peu flippant, allez savoir pourquoi.

- Je ne veux pas prendre des vies, je vais en protéger!
Et quelle est cette condition mademoiselle ?

Il s'attendait au pire.

La condition n'était-elle pas évidente ? Elle voulait retrouver sa vie passée; richesse et gloire pour sa famille. Sa mère, son père, son frère, si ce n'est plus étaient influents avant la destruction de son pays. Bien évidemment, le contexte politique lui était inconnu vu son jeune âge mais ce dont elle avait le plus de souvenir c'était cette richesse de vie, cette tranquillité pour l'avenir, ces temps paisibles. Sa mère devait être quelque part ainsi que son père. Et son frère Schneizel, pourquoi n'était-il pas à ses côtés ? Pourquoi n'a-t-elle pas entendu parler de tout ce monde dans l'histoire contée par Mister glamour. À vrai dire elle se doutait bien que la famille Li Britannia avait dû se raccourcir considérablement par la guerre mais à savoir qui l'avait quittée, c'était une autre histoire. Elle s'avança délicatement vers le Mister et approcha ses lèvres de son oreille.

«Je veux que ma famille retrouve sa gloire passée. Vous allez donc rendre le trône à ma famille. Voila ma seule condition. La monarchie des Li Britannia...»

Elle recula de quelques centimètres de manière à faire face à son interlocuteur.

«Et je ferai ce que vous me demandez. Tout ce que vous me demandez monsieur Zala.» Précisa-t-elle avec un ton des plus sérieux.

Nunnally s'approcha un peu trop au gout d'Asran, mais il resta sans bouger face à la proximité de la jeune femme. Il fut d'ailleurs soulager quand elle recula enfin de quelques centimètres, il le fut moins en entendant son ton trop sérieux.

- Excusez moi mademoiselle mais, je ne suis qu'un ancien pilote. Je me vois mal vous donner tout cela d'un simple claquement de doigt.
De plus, vous devez savoir que Schneizel Li Britannia nous a quitté, et que votre jeune frère Takuto Li Britannia est porté disparu depuis plus de 6 ans désormais. Vous êtes la dernière représentante de votre famille, et vous pensez pouvoir ré-instauré sa puissance passé?

Asran avait suivi de très prêt l’actualité depuis l'apparition de Requiem, il avait d'ailleurs à de nombreuses reprises cherchait à trouver le jeune Takuto, en vain.

Paaaf. Dans ta gueule. Deux frères en moins. Non. Plus. Un père et une mère au cimetière. Elle était seule. Toute seule. Son sang se glaça mais elle n'en laissa rien paraitre. Enfin presque. Il est évident que repousser le jeune homme sur le fauteuil se trouvant derrière lui et lui maintenir l'épaule aussi « rudement » était loin de paraitre « zen ».

«...Monsieur Asran Zala. Vous êtes arrivé en territoire ennemi pour faire de moi votre alliée. Je peux vous aider semble-t-il à arrêter cette guerre. Et vous me demandez si j'ai les épaules pour cela ? Pour diriger un royaume qui me revient de droit. Mon père n'était qu'un président dans mes souvenirs mais j'ai ses tripes et je vais arriver à mes fins avec ou sans votre aide. Je suggère cependant qu'il sera plus préjudiciable pour tout le monde que je tente une guerre en compagnie des rebelles pour cela monsieur. Si Requiem me promet ce que je souhaite je suis à vous. Sinon le sang va couler. Si Requiem n'avait pas été de ce monde je ne serai pas dans cette situation. Que vous ayez changé ou non cela m'importe peu. Redonnez moi ce que vous m'avez pris. Est-ce bien clair ?»

Elle lâcha prise et toisa son interlocuteur du regard.

Nunnally prit la brimade de plein front. Ne pleure pas Nunnally. Surtout ne pleure pas. Elle n'aimait pas se faire disputer. Déjà petite elle se savait très coléreuse lorsqu'elle ressentait l'injustice lui remonter au cœur. Elle n'était pas pourrie. Elle n'avait juste plus rien. Peut-on être inquiet pour une personne alors qu'elle est soit morte soit perdue dans une mémoire où on lui refusait l'accès ? Peut-on avoir de la sympathie, de la tendresse, de la confiance dans pareil cas ? Qu'attendait-il d'elle au juste ? Qu'elle se mette à pleurer comme un bébé pour qu'on l'aide ? Non. Elle était une Li Britannia. Elle n'allait pas pleurer et surtout pas perdre la face contre cet homme qu'il ait raison ou non.

«Très bien ! Allez-vous en alors ! Je ne veux plus vous voir !» Dit-elle en faisant tomber au sol un vase en porcelaine qui ornait la pièce.

Ce dernier se brisa alertant les rebelles se trouvent à l'étage au dessus. Que se passait-il ? Pourquoi la patronne criait-elle comme ça ? Ils étaient tous prêts à intervenir au moindre bruit suspect. Nunnally, rouge de colère, se calma et fit dos à l'inconnu. Elle se dirigea vers la fenêtre et posa la tête sur la vitre embuée.

«Laissez moi tout seule. Je n'ai plus rien de toute manière.» Chuchota-t-elle pour elle-même.

En vie ? Et quelle allait être sa vie ? Les gens pouvaient avoir des phrases toutes faites assez agaçantes par moment. Elle ne servait plus à rien. On ne l'aimait pas pour ce qu'elle était. Et cerise sur le gâteau elle était en peignoir alors qu'elle ne demandait qu'à courir loin d'ici. Et qu'il arrête de la toucher pour commencer. Elle avait le caractère de sa mère, elle était capable de mordre. Que répondre à ce flot de compassion ? Ce n'est pas grave ? Je suis moi-même désolée ? Non. Fierté oblige elle le laissera sur sa faim.

«...»

Ses hommes étaient toujours sur le qui-vive prêt à sauter au cou de l'intrus dont il avait entendu quelques bribes de mot dont le aviez et pourri. Incompréhensible mais le ton était assez menaçant pour espérer lui faire sa fête.

«LAISSEZ LE PARTIR.» Cria-t-elle à travers la porte. « Au revoir alors ? » Dit-elle morose.

S'il désirait à ce point partir elle n'allait pas l'en empêcher après tout.

Le visage de la jeune femme afficha un sourire de satisfaction. Les hommes étaient tous les mêmes. C'est d'ailleurs assez troublant qu'elle le sache alors qu'elle avait la mémoire d'une enfant de 6 ans (pas la mentalité on se comprend D:). Elle devrait en parler plus tard à son spy en plus de son trouble obsessionnel contre l'autorité. Qu'importe, elle attendit que les affaires soient déposées sur son lit et que les soldats s'en soient allés pour faire face à la gueule d'amour. Elle tapa des mains pour montrer sa satisfaction et son impatience.

«Je vais participer à la sauvegarde du monde. Si ce n'est pas génial ça ?» Dit-elle en enlevant son peignoir.

Nue, elle s'habilla devant le pauvre homme qui devait halluciner. Enfin, ce n'était pas la première femme qu'il devait voir en petite tenue ou nue une jeune (veille ? ôo) femme mais tout de même. Les vêtements n'étaient pas à son goût mais elle fit avec. La voila habillée d'une robe rouge dont la taille été enroulée d'une étoffe gris foncée dont les extrémités se terminaient par un nœud dans le dos. Un gilet de la même couleur lui permettrait de ne pas craindre le froid malgré le beau temps à travers la fenêtre. On était jamais trop prudent. Surtout pour une naturelle.

«Bon. Me voila habillée et prête à retrouver mon royaume. Enfin. Si nous ne mourrons pas avant. Ce qui serait assez tragique tout de même. N'est-ce-pas ?» Précisa-t-elle.

Soudain un haut le cœur la surprit dans son élan d'exaltation. Elle ne chercha pas son reste et courut dans la salle de bain. Elle régurgita le peu de petit déjeuner qu'elle avait avalé.

«Fichtre je suis malade. Pourtant il ne me semble pas faire de fièvre.» Dit-elle en quittant la salle de bain après plusieurs brossages de dents.

Bien évidemment qu'elle allait accepter ! Elle l'avait dit elle-même. Elle n'avait pas de température et ne semblait pas souffrir d'une quelconque fatigue. Peut-être était-ce tout simplement les conséquences de sa perte de mémoire. On ne sait pas quelles sont les réactions du corps dans ces moments là. Cependant, la manière dont le jeune homme se comportait envers elle était loin de lui plaire. Elle avait le sentiment d'être un véritable boulet pour lui. Elle reprit quelques instants son sérieux; moyen simple et efficace de remettre les points sur les i.

«Je n'ai pas la capacité de lire en vous mais je devine assez facilement les sentiments que vous portez à mon égard. Je ne suis pas un boulet et ne compte pas en être un pour vous. Cependant, je suis ce que je suis. Je ne vous demande pas de m'apprécier mais si nous voulons contribuer à achever cette guerre il faut que nous trouvions un moyen pour nous faire confiance. Je ne suis pas idiote et je peux vous assurer que m'avoir à vos côtés ne sera pas si épouvantable que cela.» Dit-elle en présentant sa main. «Faites moi confiance et je ferais de même.»

Alors ça. À savoir si tout le monde s'était fait recenser... Elle ne savait pas qui elle était ni même ce qu'elle faisait ici il y a une heure. Alors savoir si ces personnes ont toutes été recensées... De son côté elle ne savait plus trop. Mais si elle avait été recensée son nom devait bien figurer dans leurs dossiers. Non ? Elle émit l'idée à Asran qui était le seul pouvant confirmer ou infirmer son hypothèse.

«Si j'ai été recensée il est évident que mon nom doit apparaitre dans vos archives, non ? Pour ce qui est de ces personnes en bas je n'en ai aucune idée. Souvenez-vous que je ne savais pas qui ils étaient il y a de cela une heure.» Dit-elle contrariée «Cependant si je suis une rebelle je dois certainement pouvoir leur imposer cela, à tous. Cependant...»

Elle réfléchit quelques instants. Va savoir pourquoi ce recensement était important ou non. Elle espérait d'ailleurs qu'Asran lui en fasse part de manière à ce qu'elle comprenne le sens de tout cela.

«Si les recensements sont spécifiques à Requiem cela risque d'ennuyer certaines de ces personnes à s'y soumettre même si je leur en fait la demande. Cependant, si nous amenons ce recensement pour un tout autre objectifs ? Peut-être que rentrer dans le jeu des rebelles pourrait nous permettre de tous les faire recenser sans encombre. Comment se passe le recensement pour que je m'en fasse une vague idée ? Et à quoi sert-il vraiment ?»

Nunnally écouta attentivement les explications du garçon. Tout sonnait vrai, hélas. Elle avait espéré y déceler un mensonge, une once de manipulation mais elle n'avait ressentit que la stricte vérité. C'était effroyable et pourtant Nunnally n'en laissa rien paraitre. Elle avait autre chose à faire que pleurer sur le sort de la Terre à présent. Elle comprenait mieux pourquoi Requiem avait besoin de son soutien. Qu'il en dise ce qu'il veut ! Sa perte de mémoire était plus qu'avantageuse pour Requiem; Asran avait évité le doute légitime et la méfiance.

« Je vais donc présenter la chose de cette manière. Notre but est toujours la destruction de Requiem. Cependant nous ne pouvons nous fier à personne et il serait dangereux pour quiconque de rejoindre l'Akuda Bar sans moyen d'être identifié. Vous me suivez ? » Dit-elle en le regardant. «Nous allons leur faire croire que ce qui se trouve dans la seringue n'est rien d'autre qu'une puce électronique capable de les identifier. Cela sera une bonne chose en cas de mort causant des mutilations ou pour confondre tout individu suspect. Le temps qu'ils se rendent compte de la supercherie, nous serons loin mais ils ne courront plus de danger. Et pour expliquer que cela n'a pas été fait avant - si vraiment cela n'a pas été fait avant - je révélerai qu'un traitre a dérobé des dossiers sur mon ordinateur. Qu'en pensez-vous ? Pouvez-vous donner ces consignes aux médecins ? Et surtout qu'ils ne paraissent pas être des votre.»

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« Hé ! N'oublie pas que c'est un bras de princesse que tu tiens de la sorte.» Dit-elle en se faisant transbahuter vers le rez-de-chaussée.

Rien de plus agréable que d'attirer le regard sur une trentaine de personnes dans le bar; surtout lorsqu'on n'a souvenir d'aucune d'elles. Athrun lui fit ses adieux en lui transmettant ses instructions. D'ordinaire, elle l'aurait sans aucun doute ramené à la raison mais la situation était bien trop urgente pour discuter sur son comportement.

« D'accord. Je ferai en sorte que cela soit fait.» dit-elle en le regardant sans aller.

Une fois seule, elle scruta les environs. Alors comme ça elle était la chef de ses rebelles ? Intéressant. Elle allait peut-être pouvoir compter sur eux une fois la guerre terminée. Pour le moment cependant elle devait faire en sorte que ces derniers subissent tous le vaccin. Comme son plan l'exigeait, elle attendrait l'arrivée des médecins et justifierait leur présence par une précaution supplémentaire contre Requiem.

« Je peux vous aider ? » Demanda-t-elle à la jeune femme en tailleur. Enfin quelqu'un avec un peu de classe ! De son côté elle ressemblait à une des enfants dans la petite maison dans la prairie... Il fallait absolument qu'elle trouve des habits plus convenables à son rang...

La jeune femme se présenta brièvement évoquant l'hypothèse que les deux jeunes femmes se seraient déjà rencontrées. Le problème étant que la pauvre Nunnally n'en avait plus souvenir. Elle ne se cacha pas pour le signaler. Après tout, elle passerait pour une demoiselle bien arrogante ou au pire avec une mémoire relativement modeste. Le nom de la demoiselle semblait avoir fait son petit effet dans le bar. À cette réaction, Rondo s'empressa d'objecter son appartenance à Requiem. Elle était une rebelle comme eux à la solde d'un dénommé Patrick Collasour ! L'ambiance changea. Plus calme. Plus décontractée. Cet homme devait être connu dans le milieu pour apaiser de si gros gaillards.

« Ah ! Tout de suite. Avec un camarade comme ce cher Collasour il n'y a pas à douter de votre sincérité ! Comment se porte ce chacal ? » Dit-elle en tapotant virilement sur l'épaule de la visiteuse.

Les rebelles devaient surement se comporter ainsi avec leur semblable. Quelle drôle d'espèce...